bâtiment Réaumur
Réaumur
Réaumur (bâtiment) E8
Domaine universitaire.
Toponyme créé (descriptif indirectement descriptif).
* Thème du patrimoine européen et universel.
* Thème des sciences exactes.
* Thème des toponymes descriptifs.
Il n’est pas étonnant que la Faculté polytechnique de Louvain ait choisi d’appeler le bâtiment qui abrite notamment son Unité d’ingénierie des matériaux et des procédés (IMAP) d’après le nom de ce célèbre scientifique qui fut le premier à introduire l’utilisation du microscope dans l’étude de la structure des métaux, fondant ainsi la métallographie.
* René-Antoine Ferchault de Réaumur, né le 28 février 1683 à La Rochelle et mort le 17 octobre 1757 dans son domaine de la Bermondière, à Saint-Julien-du-Terroux, est un scientifique français qui s’intéressa à des sujets très variés tels que la métallurgie, la température, la porcelaine et en particulier l’entomologie. Il est aussi l’uns des précurseurs de l’éthologie — l’étude des comportements animaliers. Dans le domaine des sciences naturelles, il est un pionnier de l’étude de la biologie des invertébrés, notamment celle des mollusques, des crustacés et surtout des insectes. Il s’est intéressé entre autres aux écailles de poissons et aux perles (leur nature et leur mode de formation), aux coquillages, et aux mollusques. Ses Mémoires pour servir l’Histoire des Insectes (en 12 volumes, 1734-1742) ont longtemps fait autorité.
Son père était conseiller au présidial de La Rochelle. Il étudia à Poitiers, chez les Jésuites, puis à Bourges à partir de 1699. Attiré par l’étude des mathématiques et des sciences naturelles, il part pour Paris à l’âge de vingt ans. Il se fait rapidement connaître du milieu scientifique par les notes et mémoires qu’il rédige à propos de questions aussi neuves que variées. Dès l’âge de vingt-cinq ans, il est admis à l’Académie des sciences de Paris. En effet, il y entre en 1708, en tant qu’élève géomètre, suite à la publication d’une Manière générale de trouver une infinité de lignes courbes nouvelles, en faisant parcourir une ligne quelconque donnée, par une des extrémités d’une ligne droite donnée aussi, et toujours placée sur le même point fixe. En 1711, il y devient pensionnaire mécanicien. Il participe activement aux activités de l’Académie et sera, à plusieurs reprises, nommé vice-directeur (dès 1713) et directeur (dès 1714) de l’institution. Il est chargé par l’Académie, alors qu’il vient d’y être élu, de diriger la Description des arts et métiers. Cette publication s’inscrit dans le cadre de la mission d’appui au développement industriel, confiée par Louis XIV à l’Académie des sciences. Ce premier inventaire de l’artisanat français publié par l’Académie paraîtra en 18 volumes, de 1761 à 1782. Réaumur en profite pour proposer des perfectionnements techniques. Il participa ainsi largement aux progrès faits par l’industrie française dans le courant de la première moitié du XVIIIe siècle. Il étudie notamment les métaux et leurs propriétés physiques. Il fait connaître de nouveaux procédés pour le travail du fer et la fabrication de l’acier, qui révolutionnèrent la métallurgie. Il est considéré comme le fondateur de la métallographie en introduisant l’utilisation du microscope dans l’étude de la constitution des métaux. Entre 1720 et 1722, il présente à l’Académie dix mémoires consacrés à la métallurgie, qui paraîtront en deux volumes. Par ses recherches sur les alliages ferreux, particulièrement importantes, il démontre que l’acier, contrairement à ce que l’on pensait jusque là, n’est pas du fer épuré ; l’addition de fer métallique ou oxydé, à la fonte permet de la transformer en acier. Il s’intéresse également à la cémentation et à la trempe de l’acier, ainsi qu’à la ductilité des métaux. Enfin, il met au point un procédé économique de fabrication du fer-blanc (1725). Dans un autre domaine, il découvre le moyen de fabriquer du verre blanc opaque (verre dévitrifié connu sous le nom de « porcelaine Réaumur »). Il est aussi le premier en France à réaliser des essais d’incubation artificielle : la méthode mise au point a permis une amélioration non négligeable de l’élevage avicole en France et sera utilisée encore longtemps après sa mort.
Vers 1730, il réalise le premier thermomètre à alcool, le seul à cette époque à fournir des mesures reproductibles et dont les indications sont comparables les unes aux autres. Son thermomètre utilise le principe de la dilatation apparente de l’alcool et divisé sur base d’un intervalle de référence compris entre le point de congélation de l’eau (valeur zéro) et le point d’ébullition de l’eau (valeur 80). L’échelle de température conçue pour ce thermomètre, échelle graduée de 0 à 80, porte son nom. Cette échelle a le même zéro que le degré Celsius et vaut 1,25e de degré kelvin ou un degré Celsius. Son symbole est généralement °Ré (parfois °r). Le principe de construction du thermomètre lui a survécu, à défaut de la division.
Grâce à sa fortune, il a pu se dévouer entièrement à l’observation et l’étude de la nature sans devoir trouver d’emploi. Fortune qui devait être considérable, car il a offert à l’Académie la pension annuelle de 12 000 livres que lui avait accordée pour ses recherches, au début des années 1720, le duc d’Orléans, régent à l’époque. Par ses travaux, mais surtout par son influence, il participa à l’essor que connurent les sciences au XVIIIe siècle.
Bibliographie : G. Bresson, Réaumur. Le savant qui osa croiser une poule avec un lapin, Le château d’Olonne, 2001 ; J.-M. Drouin, René-Antoine Ferchault de Réaumur. Les curiosités d’un physicien, dans Aventures scientifiques. Savants en Poitou-Charentes du XVIe au XXe siècle, sous la dir. de J. Dhombres, Poitiers, 1995 ; É. Lévy, Dictionnaire de physique, Paris, 1988 ; J. Torlais, Réaumur, Un esprit encyclopédique en dehors de « L’Encyclopédie », Paris, 1961 ; La vie et l’œuvre de Réaumur (1683-1757), Paris, 1962 ; M. Walters, A Concise History of Ornithology, New Haven, 2005.
S. Lemaître