terrasses de l'Aula
Aula [Magna]
Aula (desserte de l’) E5
Aula Magna (bâtiment) E5
Aula (parking) E5
Aula (passerelle de l’) E5
Aula (terrasses de l’) E5
Domaine universitaire (bâtiment et parking). Conseil communal du 3 septembre 2002 (terrasse et traverse) et du 28 avril 2009 (passerelle).
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème du passé universitaire.
* Thème du patrimoine européen et universel.
* Thème des toponymes descriptifs.
L’« Aula Magna » est le nom donné au grand auditoire de l’Université inauguré en 2001. Ce « grand auditoire » faisait partie de la programmation initiale de Louvain-la-Neuve, au même titre que les « Halles universitaires », par exemple, ou que les différentes facultés. Mais entre la planification et la réalisation, il a fallu attendre 2001… Dès 1995 [PV 38], l’idée de « reprendre » le terme « Aula » à la tradition louvaniste néerlandophone (« Grote » en « Kleine Aula ») avait été évoquée pour l’actuel « auditoire Socrate » (675 places), avec l’idée de réserver le terme « Aula Major » pour le futur grand auditoire. La Commission de toponymie y était peu favorable. C’est que le déterminé « Aula » appartient à la tradition germanique et que les francophones utilisaient à Leuven les vocables « Grande » et « Petite Rotonde ». Elle rappelait que le déterminant Socrate avait déjà été approuvé et elle suggérait, le cas échéant, « rotonde Robert Schuman ». Au cours des préparatifs de la construction, c’est le latinisme « Grande Aula » qui fut utilisé, ce qui semblait à la Commission une dénomination pléonastique (TLF : ‘aula : grande salle des actes et des fêtes dans certaines universités’). Et elle suggérait de la simplifier en « Aula » [PV 48].
L’« Aula Magna » est un vaste complexe de salles de spectacles et de congrès doté d’une grande salle d’une capacité de 850 à 1100 places, d’une très grande scène de 350 m2 équipée d’une cage de scène et d’une machinerie adaptée, d’un hall de 1 700 m², de multiples foyers et salles de séminaires modulables (de 50 à 750 personnes).
Le nom a été repris (« terrasses de l’Aula ») pour désigner la petite place située à l’arrière (vers le Lac), la voirie qui joint cette « terrasse » au « chemin d’Aristote » (« desserte de l’Aula ») [PV 54] et le pont (provisoire) qui joint l’Aula et le Lac (« passerelle de l’Aula »). Au départ, plusieurs propositions avaient été faites pour « terrasse de l’Aula » : « terrasse de Beauregard », « terrasse du Ponant », « terrasse des Jardins », « terrasse des Cascades » ou « Grande terrasse » [PV 53].
Si « Aula » rappelle bien la tradition louvaniste, « Aula Magna » est une allusion au palais des ducs de Bourgogne à Bruxelles, que fréquenta Charles Quint.
* La « Grande Aula », forme aujourd’hui, avec le Collège Marie-Thérèse (Maria-Theresia College), un ensemble de bâtiments académiques appartenant à la Katholieke Universiteit Leuven et situés au numéro 2 de la « rue Saint-Michel ». Le site trouve son origine dans le Collège des jésuites construit à proximité de leur église Saint-Michel, un chef-d’œuvre du style jésuite dans les Pays-Bas. Ce Collège — dont subsiste la façade du XVIIe siècle —, n’était pas lié à l’Université et fut supprimé en même temps que la Compagnie de Jésus, en 1773. L’impératrice Marie-Thérèse en transféra la propriété à la Faculté de théologie en 1778, qui y installa le Collège des Vétérans destiné à la formation pastorale des étudiants en théologie plus âgés. Il formait alors un vaste ensemble académique avec le Collège du Pape (ancienne demeure d’Adrien d’Utrecht, professeur à Louvain, élu pape sous le nom d’Adrien VI en 1522 et qui en avait fait don à l’Université). Lors de la création du Séminaire général par Joseph II, en 1786-1787, une nouvelle aile fut ajoutée à ce complexe. Supprimée en 1797 par le Régime français, l’Université vit ses bâtiments dispersés, comme tous les biens nationaux, tantôt au profit de particuliers, tantôt au profit d’institutions publiques, en l’occurrence ici, de la Ville de Louvain. Lors de la création du nouveau Royaume des Pays-Bas, il fut décidé d’établir trois nouvelles universités dans les « provinces du Sud » (Gand, Liège et Louvain) : l’ouverture de l’Université d’État de Louvain eut lieu le 6 octobre 1817. C’est dans ce contexte que la ville y fit construire la « Grote » et la « Kleine Aula », en 1826-1827, pour répondre aux besoins de l’Université et du Collège philosophique qui y avait été installé par Guillaume Ier. Après les journées de septembre 1830, l’Université d’État, épurée de son personnel hollandais, subsista quelques années dans l’attente d’une réforme générale de l’enseignement qui devait intervenir dans le cadre de la nouvelle constitution établissant la liberté d’enseignement. Mettant à profit cette liberté chère aux catholiques, les évêques décidèrent d’emblée de « restaurer » « leur » université : pas à Louvain, où subsistait une université publique, mais à Malines, où elle ouvrit ses portes en 1834. Les évêques avaient spéculé sur une rationalisation, qui fut effectivement consacrée par la première loi organique relative à l’enseignement universitaire (27 septembre 1835) : si Gand et Liège étaient maintenues, l’Université d’État de Louvain était supprimée, ce qui permit à l’Université catholique de Louvain de s’y installer et d’y récupérer l’usage des anciens bâtiments de théologie : la « Grote Aula » fut utilisée comme grand auditoire servant notamment à la célébration d’événements solennels, comme les rentrées académiques. Pour ceux qui ont encore suivi les cours à Leuven, il s’agissait d’un haut lieu de la vie universitaire où se tenaient également concerts, congrès internationaux, etc., fonctions que reprend l’« Aula Magna » à Louvain-la-Neuve. En 1965, Raymond Lemaire avait restauré le bâtiment appelé désormais Aula Magna.
Bibliographie : F. Hiraux, Le jour où la grande Rotonde de Louvain devint la première Aula Magna, dans Petite Gazette des Archives, n° 2, mars 2001 ; Les Halles et les collèges de l’ancienne Université, dans AUCL 1847, p. 206-208 ; Notice sur le Collège du Pape Adrien VI, dit « du Pape », dans AUCL 1879, p. 489-518 ; Notice sur M. Fr. Mathieu Van Cannart d’Hamale, licencié en théologie de l’Université de Louvain, dans AUCL 1844, p. 214-212 [le dernier sous-régent du Collège du Pape Adrien VI] ; A.G.B. Schayes, Notice historique et descriptive sur l’ancien collège des jésuites à Louvain, Bruxelles, 1840 ; E. Van Even, Louvain monumental, Louvain, 1860, passim ; Id., Louvain dans le passé et dans le présent, Louvain 1895, p. 574-602, passim.
L. Courtois
* La redécouverte de l’ancien palais de Bruxelles, ravagé en 1731 par un incendie accidentel puis rasé en 1775, se poursuit depuis plusieurs années par des fouilles archéologiques systématiques conduites par la Société royale d’archéologie de Bruxelles, sous la direction du professeur Pierre Bonenfant, avec l’autorisation du Collège de la Ville de Bruxelles et l’appui des Services techniques. L’ancien palais se situait en partie seulement sous l’actuel palais royal. De 1995 à 2000, les chantiers ont révélé d’abord le plan complet du bâtiment de la salle d’apparat édifié au milieu du XVe siècle sous le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Ce grand édifice occupait un quart de l’actuelle place Royale (l’angle nord). Ensuite, un important tronçon du corps de logis apparut un peu plus loin sous la « rue Royale ».
Ces découvertes sont venues s’ajouter au plan, complet lui aussi, de la chapelle du palais, édifiée sous Charles Quint. Monumenten en Landschappen, MM. Celis et Van Eenoog, ont pu l’établir, dès avant les fouilles, par l’analyse des reconstructions du XVIIIe siècle liées à la création du bâtiment situé à l’angle de la « place Royale » et de la « rue Royale » (Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale).
Ainsi, toute l’aile Ouest de l’ancien palais est désormais connue. Son emprise de 100 mètres sur 20 regroupe la « grand salle » ou « Aula Magna » de Philippe le Bon (construction en 1452-1460) et son prolongement : la chapelle de Charles Quint (construction de 1525 à 1550 environ).
Bibliographie : P. Anagnostopoulos et J. Houssiau, L’ancien palais du Coudenberg (Collection Bruxelles Ville d’Art et d’Histoire, n° 42), Bruxelles, 2006 ; C. Dickstein-Bernard, La construction de l’Aula Magna au Palais du Coudenberg. Les préliminaires (1451-1452), dans Annales de la Société Royale d’Archéologie de Bruxelles, t. LXVII, 2006, p. 51-76, et Id., La construction de l’Aula Magna au palais du Coudenberg. Histoire du chantier (1452-1461 ?), ibid. t. LXVIII, 2007 ; Le quartier royal, sous la dir. d’A. Smolar-Meynart et A. Vanrie, Bruxelles, 1998 ; P. Santenoy, Le palais des ducs de Bourgogne sur le Coudenberg à Bruxelles du règne d’Antoine de Bourgogne à celui de Charles Quint (Mémoires de l’Académie royale de Belgique, Classe des Beaux-Arts, 2e série, t.V, fasc.1), Bruxelles, 1934 ; A. Smolar et al., Le Palais de Bruxelles. Huit siècles d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1991 ; A. Smolar-Meynart, De grands travaux dans un contexte politique difficile (1452-1459). La Aula Magna du palais de Philippe le Bon édifiée par la ville de Bruxelles, dans Mélanges offerts à Claire Dickstein-Bernard (Annales de la Société Royale d’Archéologie de Bruxelles, t. LXIII), sous la dir. de P. Bonenfant et P. Cockshaw, Bruxelles, 1999.
P. Bonenfant (†)
→ Socrate.