terrasse des Ardennais
Ardennais
Ardennais (rampe des) E6
Ardennais (terrasse des) E6
Conseils communaux des 17 avril 1973 (rampe) et 25 février 1975 (terrasse).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème des gentilés.
Dans le quartier du Biéreau, toute une série de toponymes évoquent les « pays » de la Wallonie, en nommant leurs habitants. Ardennais, nom donné aux habitants de l’Ardenne, qui se disent volontiers « fiers, forts, fidèle », ce que d’aucuns leur contestent en les qualifiant de « fins, faux, filoux »… « Ardenne » vient du nom d’une divinité celte (Arduinna), protectrice de la forêt d’Ardenne (Arduenna silva), citée par Jules César et Strabon. Elle est souvent figurée montant un sanglier, comme l’illustre le label du jambon d’origine. Le mot Arduinna lui-même viendrait du celte arduo- (‘hauteur’) ou Ar Duen (‘la Noire’, comme dans la « Forêt-Noire », jadis partie de l’antique forêt d’Ardenne). « Ardennais » ne qualifie pas seulement le terroir rude d’autrefois chanté par Arsène Soreil, riche de légendes et de traditions populaires, mais aussi un type humain qu’a bien décrit Giovanni Hoyois en son temps.
* L’Ardenne est la région naturelle la plus vaste de Wallonie. Le relief ardennais consiste en un haut plateau dont l’altitude passe de 300 mètres à l’ouest à 694 mètres dans les Hautes-Fagnes à l’est. Il existe en fait des plateaux sommitaux plus petits mais très massifs. D’ouest en est, près de la limite nord de l’Ardenne, ces plateaux sont notamment ceux de Saint-Hubert, des Tailles et des Hautes-Fagnes. Les vallées y sont fortement encaissées et leurs versants particulièrement pentus y rendent l’agriculture quasi impossible. Seuls les sommets des massifs ont été moins affectés par l’érosion, mais là on est pratiquement sur la roche. Ceux-ci sont caractérisés par une topographie beaucoup plus douce. Une ligne de crêtes courant de Recogne à Saint-Vith correspond à la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Meuse et celui du Rhin. Au nord-est, la dépression de Malmedy est d’origine tectonique et remplie de dépôts.
La forêt couvre environ la moitié de la superficie de l’Ardenne, l’autre moitié étant occupée par les herbages et quelques labours.
Avec près de 50 habitants au km2, l’Ardenne a la plus faible densité de population de Wallonie. Les villages se sont localisés sur les pentes douces, dans les amphithéâtres de têtes de vallons et sur des replats en bas des versants des vallées. Les fermes ardennaises traditionnelles se caractérisent par la construction d’un seul bâtiment de forme carrée, le tout sous le même toit. Au rez-de-chaussée, le logis, l’étable et la grange se suivent en profondeur. À l’étage, les chambres et le fenil sont surplombés par une solide charpente couverte d’ardoises. Les murs sont épais et construits en grès, quartzites et quartzophyllades. Pour la plupart, elles ont perdu leur fonction agricole et ont été transformées en résidences et parfois en maisons de vacances.
L’agriculture ardennaise se cantonne aujourd’hui sur les terres les moins déclives, là où une exploitation mécanisée est possible. C’en est fini des champs en terrasses autrefois labourés avec le cheval de trait. L’Ardenne s’est tournée vers l’économie herbagère depuis le début du XXe siècle. Les influences du Pays de Herve ont marqué de haies les paysages du nord-est du plateau dès le XIXe, définissant ce que l’on appelle aujourd’hui l’Ardenne herbagère. Au centre (Ardenne centrale) les mutations ne sont intervenues qu’à la fin du XIXe et se sont surtout développées dans l’Entre-deux-guerres. La spécialisation dans l’élevage bovin qui s’en suivit ne s’est pas accompagnée ici du développement de paysages bocagers. D’une part, l’exode rural était en train de faire fondre la main d’œuvre agricole indispensable à la plantation et à l’entretien de haies et d’autre part, la « ronce artificielle » (fil de fer barbelé) s’était substituée à la clôture végétale.
Au fur et à mesure du développement de l’élevage moderne sur prairies artificielles, les landes ardennaises qui couvraient des milliers d’hectares autrefois, perdaient leur raison d’être. La pénurie de bois engendrée par la surexploitation des forêts durant tout l’Ancien Régime conduit à les reboiser. Sur ces sols pauvres et humides le choix s’est porté sur les conifères, particulièrement l’épicéa, qui depuis cette époque fait intrinsèquement partie des attributs du paysage ardennais contemporain. Mais le succès des reboisements fût tel que toute terre agricole abandonnée s’est vue « enrésinée » notamment par des plantations de sapins de Noël. Les espaces ouverts qui caractérisaient les paysages du plateau encore au début du XXe siècle se sont progressivement refermés et les clairières villageoises se sont colmatées.
L’Ardenne n’en demeure pas moins une région attractive pour les loisirs et la détente. Sa vocation touristique est liée à l’amplitude de son relief qui autorise même la pratique du ski et au caractère « naturel » de ses paysages. Mais ce sont surtout ses vallées « montagneuses » et ses rivières aux eaux torrentueuses qui attirent le kayakiste, le pêcheur et le randonneur. À l’échelle de l’ouest européen l’Ardenne fait figure de grand parc forestier sis au cœur d’une des zones les plus urbanisées d’Europe.
À côté des ses vocations agricoles et touristiques, l’Ardenne connaît un développement économique certain dans les communes proches du couloir reliant Bruxelles à Luxembourg. Des parcs industriels ont été édifiés à proximité des autoroutes et des villes comme Recogne-Libramont et Bastogne ont connu un réel développement de leurs commerces et de leurs activités. Les petites villes des vallées de l’Ourthe et de la Semois comme Houffalize, La Roche et Bouillon vivent avant tout du tourisme.
Bibliographie : L’Almanach des vieux Ardennais. Traditions et saints du printemps, […] de l’été, […] de l’automne, […] de l’hiver (Musée en Piconrue), Bastogne, 4 vol., 1992-1999 ; Architecture rurale de Wallonie. Ardenne centrale et Ardenne herbagère, sous la dir. de L.-F. Genicot, Liège, 1987 et 1992 (notamment les parties géographiques due à C. Chistians) ; L’Ardenne. Essai de géographie physique, sous la dir. d’A. Demoulin, Liège, 1995 ; L’Ardenne. Des villages. Des paysages, Jambes, 1998 ; C. Chistians, avec la coll. de L. Daels et A. Verhoeve, Les campagnes, dans Géographie de la Belgique, Bruxelles, 1992 p. 484-536 (p. 535-536 pour la bibliographie) ; G. Hoyois, L’Ardenne et l’Ardennais. L’évolution économique et sociale d’une région, Gembloux, 1949-1953 ; A. Soreil, Dure Ardenne, Gembloux, 1933.
T. Brulard (†) et D. Belayew