Auditoires Doyens
Doyens
Doyens (Auditoires) E6
Doyens (place des) E6
Conseil communal du 20 novembre 1990.
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème du passé universitaire.
La « place des Doyens », sur laquelle donne l’entrée de l’Institut d’administration et de gestion (IAG), évoque bien sûr la fonction de celui qui, à l’Université de Louvain comme dans beaucoup d’autres universités, préside aux destinées d’une faculté, mais elle constitue également un rappel de Leuven et de sa Dekenstraat, où se trouvait notamment l’Institut de Commerce.
* Sous l’Ancien Régime, l’élection du doyen et les conditions d’éligibilité variaient légèrement d’une faculté à l’autre (l’Université comporte alors cinq facultés : des arts, de théologie, de droit canonique, de droit civil et de médecine). À la Faculté des arts, la charge fut d’abord mensuelle puis, à partir de 1492, d’une durée de quatre mois ; à la Faculté de théologie, elle fut trimestrielle jusqu’en 1445, puis semestrielle ; elle était semestrielle aux deux facultés de droit et de droit canonique. À la Faculté des arts, le doyen était choisi dans les pédagogies, puis, à partir de 1435, alternativement dans les pédagogies et les « Nations » ; dans les autres facultés, il était élu uniquement parmi les docteurs. Le doyen, qui siégeait au conseil général de l’Université, convoquait le conseil facultaire, présidait les séances et faisait exécuter les décisions de l’assemblée. À côté du conseil facultaire, qui avait des pouvoirs très étendus en matière de discipline et d’enseignement, l’administration facultaire comprenait un bedeau, qui annonçait toutes les activités de chaque faculté, et un receveur, qui percevait les droits d’examens, recouvrait les créances et gérait la caisse commune.
Dans l’Université d’État hollandaise, où le pouvoir échappe largement à la communauté universitaire, le doyen n’avait que de faibles prérogatives. Choisi parmi les professeurs ordinaires et élu pour un an, il convoquait et dirigeait le conseil de faculté, composé habituellement des professeurs ordinaires. Il arrivait que les curateurs de l’Université consultent les conseils de faculté en matière d’enseignement…
L’Université catholique de Louvain restaurée en 1834 comprenait cinq facultés (droit, médecine, philosophie et lettres, sciences et théologie), auxquelles vinrent s’adjoindre un nombre croissant d’écoles et d’instituts tendant, avec le temps, à conquérir leur autonomie. Elles étaient administrées par un Conseil de faculté comprenant tous les professeurs titulaires et présidé par un doyen élu par ces derniers pour un an. Se réunissant tous les mois, le conseil s’occupait essentiellement de la mise au point des programmes d’études, mais ne pouvait rien décider sans l’approbation du recteur. Théoriquement, il aurait pu débattre de tous les problèmes liés à l’enseignement et à la recherche, mais dans la pratique, ce ne fut guère le cas. La plupart du temps, les professeurs traitaient directement avec le recteur des problèmes de leur service et bientôt, on prit l’habitude de délibérer des questions concernant plusieurs professeurs fréquentant le même bâtiment (l’Institut de chimie, l’Institut de zoologie, etc.) ou, en philosophie et lettres, appartenant au même groupe d’études (histoire, philologie classique, etc.). En fait, la fonction de doyen resta longtemps sans grande portée, d’autant que son rôle au Conseil rectoral était purement passif. En 1957, devant l’impossibilité pour le recteur de continuer à s’occuper de tout, les compétences des doyens furent élargies et leur mandat porté à trois ans. À partir de la réforme de 1963, qui vit notamment le dédoublement linguistique des facultés, le mouvement s’accentua, stimulé bientôt par les événements de 1968. Élus pour quatre ans, les doyens jouent aujourd’hui un rôle important au sein du Conseil académique, qui constitue l’organe supérieur de l’Université en matière d’enseignement et de recherche.
Notons, pour terminer, que la Dekenstraat de Leuven n’a, elle, rien à voir au départ avec la fonction décanale universitaire ! Elle doit son nom à Gaufroid de Grimde, chanoine-doyen de Saint-Pierre de Louvain (1244-1255), qui à sa mort, légua ses biens à des parents et diverses institutions, dont un important manoir louvaniste à l’abbaye Sainte-Gertrude. C’est à sa mémoire que la rue où était situé cette demeure prit le nom de « rue du Doyen »…
Bibliographie : P. Oriane, L’institution, son administration, ses services, dans UCLVMI, p. 183-193 ; UL 1425-1975, p. 43-45, 192, et 279-282 ; C. Renardy, Les maîtres universitaires dans le diocèse de Liège. Répertoire biographique (1140-1350) (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Liège, fasc.. CCXXXII), Paris, 1981, p. 224-225.
L. Courtois