cour des Fleurets
Fleurets
Fleurets (cour des) D3
Conseil communal du 26 juin 1979.
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème des sports.
« Cour des Fleurets » évoque l’escrime [D 2/9/77, 26/1/78].
* « Mon père dit que l’escrime est bonne parce qu’elle est hygiénique, répondit courtoisement l’aîné des Cazorla. C’est ce que les Anglais appellent sport.
Don Jaime regarda son élève comme s’il venait d’entendre un blasphème.
— Je ne doute pas que votre père ait des raisons pour affirmer une telle chose. Je n’en doute absolument pas. Mais moi je vous certifie que l’escrime est bien plus que cela. Elle constitue une science exacte, mathématique, dont la somme des facteurs conduit invariablement au même résultat : le triomphe ou l’échec, la vie ou la mort… Je ne suis pas ici pour que vous fassiez du sport, mais pour que vous appreniez une technique extrêmement pure qui, un jour, à l’appel de la patrie ou de l’honneur, pourra être très utile. Peu importe que vous soyez forts ou faibles, élégants ou maladroits, que vous soyez phtisiques ou parfaitement sains… Ce qui importe, c’est qu’un fleuret ou un sabre à la main, vous puissiez vous sentir égaux ou supérieurs à n’importe qui ».
Ainsi parlait, à la fin du siècle dernier, le héros de Arturo Pérez-Reverte dans Le Maître d’escrime (Éditions du Seuil, 1995). Il travaillait à la rédaction d’un traité dans lequel il pourrait transmettre ses dons et son expérience. Ce travail, Jaime Astarloa veut le ponctuer de la botte magistrale. Ce coup imparable, parfait d’inspiration et d’efficacité, qui le ferait passer à la postérité. Pour lui, l’escrime est un art, mais avant tout une science utile et sûrement pas un jeu. « Quand vous vous sentez l’envie de jouer, utilisez un cerceau, une toupie ou des soldats de plomb », poursuit le vieux maître.
Don Jaime aurait sans doute été fortement déçu de constater que le fleuret, qui s’était développé en Italie comme arme d’estoc servant à l’enseignement, s’est totalement modifié pour devenir un instrument pacifique de sport. Comment pourrait-il en être autrement quand on sait qu’il tire son origine de la mouche qui le garnit, elle même comparée à une fleur (en italien fioretto, petite fleur et fleuret).
Le fleuret électrique s’est imposé en 1954 sans que disparaisse la magie des mots qu’il véhicule : estocade, botte secrète, pointe mouchetée, baisser sa garde, combinaison, parade, prime, tierce, quarte… Sans doute est-ce la lucidité, la précision et la vivacité inspirant les mouvements qui ont fait que le vocabulaire des joutes verbales emprunte bien de ces termes et expressions pour décrire les attaques imprévues qui déconcertent l’adversaire. Elles sont aussi des combats à fleurets mouchetés.
Y. Leroy