rue Jean-Baptiste d'Omalius d'Halloy
Omalius d’Halloy
Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy (rue) [abandonné]
Conseil communal du (/).
Toponyme créé (toponyme indirectement descriptif).
* Thème des figures de nos régions.
* Thème des grands scientifiques, inventeurs et industriels.
C’est en 1995 qu’il a été décidé d’appeler les différents quartiers du parc scientifique du nom d’une personnalité de renommée internationale et qui soit, si possible, également le nom d’une artère du quartier [PV 40]. On a tenu compte à cet égard des souhaits des entreprises installées dans les « parcs scientifiques », qui désiraient des noms de scientifiques ou d’industriels connus sur le plan international. « Rue Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy », du nom d’un géologue de grande renommée, fut à l’époque proposée par la Commission, mais l’homme a été jugé trop peu connu [PV 43]. La culture n’est plus ce qu’elle était…
* Jean-Baptiste-Julien D’Omalius d’Halloy (1783–1875) est un des géologues les plus connus du début du XIXe siècle et un des fondateurs de la science géologique en Belgique, dont il est considéré comme le père. Bien que les origines de la géologie soient lointaines, d’Omalius d’Halloy fut le premier à établir une carte géologique du sous-sol français. À la demande du gouvernement de Napoléon Ier, et à partir des notes prises lors de ses pérégrinations, il dressa une carte géologique de l’empire français qui servira de canevas de base pour les cartes établies par après. Sa vie fut longue et il vécut sous différents régimes politiques. La politique — il occupa les plus hautes fonctions administratives et politiques — et la science se sont partagé sa vie.
D’Omalius d’Halloy naît le 16 février 1783 à Liège. Il est fils unique d’une famille d’aristocrates. Ses parents, financièrement aisés, possèdent une maison de campagne à Halloy, près de Ciney, dans laquelle ils résident pendant l’été. Ils habitent à Liège pendant l’hiver. En 1801, ses parents l’envoient à Paris pour parfaire son éducation. Mais il préfère l’étude des sciences naturelles aux occupations mondaines. Lors de son deuxième séjour dans la capitale française, en 1803, il suit les leçons des professeurs du Muséum d’histoire naturelle, parmi lesquelles Cuvier, Lacépède, Fourcroy. Il étudie par lui-même la minéralogie. D’Omalius d’Halloy entreprend son premier voyage géologique en 1804, en Ardenne et en Lorraine. C’est le premier d’une longue série de voyages à travers l’Europe, qu’il accomplit seul et toujours à pied. C’est à cette occasion qu’il entame la rédaction de ses carnets de voyage dans lesquels il note ses observations scientifiques, les noms des localités qu’il traverse et ses étapes quotidiennes. Certaines de ses notes seront publiées dans le Journal des Mines. En 1807, après de nombreux voyages, il pose le principe que « dans un même bassin les couches inclinées sont toujours plus anciennes que les couches horizontales » (BN, t. XVI, col. 459). D’Omalius généralise ainsi un fait déjà énoncé pour les montagnes par de Saussure. Ses différents voyages lui permettront de comprendre la constitution du bassin de Paris. Il a parcouru à pied une grande partie de l’Empire français et des régions voisines. En 1808, à l’âge de 25 ans, il publie son Essai sue la géologie du nord de la France, qui « jette les bases de la science géologique belge et consacre sa réputation » (BN, t. XVI, col. 159). Cet ouvrage est considéré comme l’un des premiers ouvrages de géologie stratigraphique.
En 1810, un décret de Napoléon appelle au service militaire comme officiers tous les fils de famille de nos provinces, ce qui menace de mettre un terme à sa carrière scientifique. D’Omalius part alors à Paris où il reçoit l’aide de Coquebert de Mombret, directeur au Ministère de l’intérieur. Ce dernier avait pour projet d’établir sur base de la nature du sol, une description générale de l’Empire. Il recrute d’Omalius pour dresser cette carte minéralogique. Cette charge le mènera sur les routes de France, d’Italie (jusqu’à Naples), de l’Illyrie, du Tyrol et d’une partie de l’Allemagne ; il parcourra plus de 4 000 kilomètres à pied, à raison d’environ 45 kilomètres par étape. En 1813, il achève le tracé de sa carte, une carte géologique et une coupe stratigraphique tracée de l’Ardenne au Plateau central. D’Omalius d’Halloy la présente au Conseil des mines avec son Mémoire sur l’étendue géographique du terrain des environs de Paris, mémoire explicatif. Il se rend pour finir en Bretagne pour achever sa carte géologique. De 1810 à 1814, il aura ainsi parcouru une grande partie du territoire français, soit quelques 25 000 kilomètres à pied… Mais les événements politiques de la fin de l’Empire retardent la publication de son œuvre. Une réduction de sa carte (échelle 1/4 000 000) paraît en 1822 et rencontre un vif succès ; la carte détaillée, à grande échelle, ne sera jamais publiée. Pour cette carte, D’Omalius a élaboré plusieurs concepts, par exemple celui de « terrain crétacé », dont l’usage deviendra commun. Pour la deuxième édition, parue en 1828, il complète son œuvre en faisant apparaître les liens entre les bassins de Belgique et de Paris, et celui de Londres. Au-delà des lacunes et erreurs inhérentes à un travail se rapportant à une science naissante, l’œuvre d’Omalius peut être considérée comme un des principaux travaux de géologie du début du XIXe siècle. Quelques années plus tard, elle servira de base à la carte de Pierre-Armand Dufresnoy et Élie de Beaumont, qui la remplace.
Le poste qu’occupe D’Omalius depuis 1811, maire de Braibant, et les responsabilités qui lui incombent ne lui permettent plus de continuer ses activités scientifiques. Après l’abdication de Napoléon, et sous la pression de son père, il accepte successivement plusieurs fonctions administratives. Il sera nommé surintendant de Dinant en 1814, secrétaire général du gouverneur de Liège l’année d’après et puis gouverneur de la province de Namur par Guillaume Ier, fonction qu’il occupera jusqu’en 1830. En 1827, il publie le Code administratif de la province de Namur, qui servira d’exemple aux ouvrages de ce genre parus depuis lors. En 1830, il prend parti pour Geoffroy Saint-Hilaire contre Cuvier dans le débat qui les oppose concernant le transformisme. En 1831, il publie ses Éléments de géologie, ouvrage qui rencontre un vif succès (il sera réédité à plusieurs reprises de 1831 à 1868) et dans lequel il avance explicitement ses idées transformistes. Il publia aussi, entre autres, un mémoire sur les races humaines ou Éléments d’ethnographie en 1845. Outre ces travaux, il publia à de nombreuses reprises des notes et des mémoires dans le Journal de physique, de chimie et d’histoire naturelle, les Annales des mines de France, les Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, les Bulletins de la Société géologique de France et de l’Académie royale de Belgique. Il présidera d’ailleurs cette dernière et la Société géologique de France (en 1852). Plusieurs de ses notes concernent la doctrine transformiste dont il était un adepte convaincu. En 1848, le roi le nomme conseiller d’État. Il est ensuite appelé au Sénat, dont il devient vice-président, poste qu’il occupe jusqu’à la fin des années 1860. Il décède à Bruxelles le 15 janvier 1875.
Bibliographie : BN, t. XVI, col. 157-166 ; É. Groessens et M.-Cl. Groessens-Van Dyck, La géologie et Les sciences de la terre, dans Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000, Tournai, 2001, p. 269-288 et p. 219-234 ; Id., Two Hundred Years of Geological Mapping in Belgium, From D’omalius D’halloy to the Belgian Federal State, dans Earth Sciences History, t. XXVI, n° 1, novembre 2007, p. 75-84.
S. Lemaître