chemin du Prieuré
Prieuré
Prieuré (chemin du) B8
Prieuré (rue du) B8
Conseil communal du 16 septembre 1980 (chemin).
Toponyme créé (toponyme non descriptif).
* Thème du patrimoine religieux wallon.
« Chemin » et « rue du Prieuré » évoquent le prieuré de Wavre.
* En 1086, selon les uns, 1088, selon les autres, le comte de Louvain Henri III et son frère Godefroid concèdent à l’abbaye bénédictine d’Affligem divers biens et privilèges de leur domaine wavrien dont une chapelle libre à Basse-Wavre, la dîme entière de l’église de Wavre, des terres, des moulins, des fermes et des tonlieux. En 1091, les mêmes princes affranchissent une portion de ce domaine pour qu’y soit construit un monastère. Ce sera le prieuré de Basse-Wavre, qui dépendit toujours de l’abbaye d’Affligem. Le prieuré et son église sont dédiés à la Vierge, Notre-Dame de Basse-Wavre.
Comme le premier prieur, Gosuin de Wavre, appartenait à la famille des seigneurs de Wavre, issue des comtes de Louvain, le prieuré s’enrichit de nombreux biens fonciers. Son successeur, Walter, fait confectionner à Bruxelles une châsse précieuse pour y enfermer diverses reliques ; elle sera exposée dès 1151 à Bruxelles : c’est le début d’une procession annuelle qui durera jusqu’en 1560. Le prieuré, qui ne comptera jamais qu’un petit nombre de moines — l’abbé d’Affligem interdit tout recrutement en 1197 déjà —, subit maintes vicissitudes : tentatives de spoliation, dégâts dus aux guerres, etc. Néanmoins il demeure un pôle économique et spirituel : au XVe siècle, les foires de Basse-Wavre connaissent une grande expansion de même que le pèlerinage à la châsse miraculeuse. Celle-ci est promenée dans les villes et villages environnants jusqu’à Hannut (Tour de Hesbaye), et les pèlerins jouissent de privilèges confirmés par l’autorité ducale. Au XVIe siècle, la dévotion mariale est ranimée : le Grand Tour de Basse-Wavre est mentionné pour la première fois en 1541. La châsse ayant été détruite par les Gueux entre 1580 et 1585, une nouvelle est offerte en 1628 par l’archevêque de Malines (qui est aussi abbé d’Affligem). Le culte marial reprend alors et de nouvelles reliques sont placées dans la châsse. Les guerres de Louis XIV causant de graves dommages au prieuré, la châsse est mise à l’abri à Louvain. Elle revient en 1713 dans l’église qui a été reconstruite dans son état actuel. À la Révolution, la châsse est cachée par les moines ; les bâtiments conventuels et l’église sont vendus. Acquise en 1803 par M. de Bienne, l’église est rendue au culte cette année-là et la châsse y est ramenée en 1805 ; le bâtiment conventuel, lui, devenu une fabrique de tissage, est donné en 1836 à l’archevêché de Malines, qui y ouvre le collège épiscopal qui existe toujours.
Durant les XIXe et XXe siècles, le pèlerinage est resté fréquenté. La Vierge de Basse-Wavre est couronnée en 1897 et la châsse a été ouverte solennellement en 1922, en 1947 et en 1972. En 1951, on célébra le 900e anniversaire du culte marial au prieuré. La procession du Grand Tour de Basse-Wavre a encore lieu chaque année le dimanche après la saint Jean-Baptiste, tandis qu’en groupe ou individuellement, des pèlerins viennent honorer la Vierge. À côté de l’église, un musée est consacré à Notre-Dame de Basse-Wavre.
Bibliographie : G. Despy, Les bénédictins en Brabant au XIIe siècle : la « chronique de l’abbaye d’Affligem », dans Problèmes d’histoire du christianisme, t. XII, Bruxelles, 1983, p. 51-116 ; J. Martin, Histoire de la Ville et Franchise de Wavre en Roman Pays de Brabant, Wavre, 1977 ; Catalogue de l’exposition de Notre-Dame de Basse-Wavre (Wavriensia).
C. Muraille